Borbaad (2025) : un film sincère et ambitieux de Mehedi Hassan Hridoy
Un premier long-métrage audacieux
Mehedi Hassan Hridoy signe avec Borbaad un premier long-métrage qui s’inscrit dans une volonté claire de renouveler la narration dans le cinéma bangladais contemporain. Connu jusqu’ici pour son activité de vidéaste sur les réseaux sociaux, notamment sur YouTube, Hridoy effectue ici un passage vers la fiction plus structurée, avec l’intention manifeste de proposer une œuvre centrée sur la jeunesse urbaine et ses dilemmes modernes. Le film ne cherche pas à plaire de manière conventionnelle : il tente plutôt d’imposer un ton, un regard, une urgence.
Performances contrastées, mais sincères
Les performances des acteurs sont à l’image de l’ambition du projet : imparfaites mais profondément investies. Hridoy lui-même incarne le rôle principal avec une énergie brute, parfois trop impulsive, mais qui traduit une forme d’authenticité. À ses côtés, Model Tanjin Tisha, plus connue pour son travail dans la mode et les publicités télévisées, surprend par une retenue sobre, évitant l’excès mélodramatique. Elle parvient à offrir un contrepoint calme au tempérament nerveux de son partenaire à l’écran.
Parmi les rôles secondaires, Shahiduzzaman Selim, vétéran du cinéma et de la télévision bangladaise, s’impose avec maîtrise. Son autorité naturelle à l’écran donne du poids aux scènes qu’il habite, souvent les plus mémorables du film.
Une volonté de transmission
Le réalisateur cherche visiblement à interroger les fractures culturelles et générationnelles d’un Bangladesh en mutation. Le récit met en lumière les dilemmes d’une jeunesse partagée entre les aspirations modernes et les normes familiales ou religieuses traditionnelles. Le thème de l’ambition contrariée revient régulièrement, tout comme celui de la quête de reconnaissance.
À travers un style parfois trop appuyé — montages rapides, bande-son omniprésente — Hridoy montre une envie de frapper fort, quitte à négliger par moments la subtilité du propos. Mais dans cette fougue réside aussi la singularité de son geste cinématographique.
Ce que l’on ressent en sortant de la salle
En quittant la salle, on reste marqué par l’élan sincère de l’entreprise. Borbaad ne révolutionne pas la grammaire du cinéma, mais il pose une pierre nouvelle dans l’édifice d’un cinéma bangladais jeune, désireux de raconter ses propres histoires sans filtre ni artifice. Il y a dans ce film une vulnérabilité qui transparaît à travers la mise en scène, et qui peut toucher un public habitué aux productions plus calibrées.
On sort avec une impression d’avoir vu une œuvre habitée par son auteur, parfois désordonnée, souvent excessive, mais toujours portée par une volonté de dire quelque chose d’intime et de social à la fois.